vous m’y suivez, j’en suis plus présente à votre imagination, et réellement l’absence en devient par-là moins cruelle.
Le château de Vert-feuille, dans lequel il faut d’abord que votre esprit se transporte, n’est pas très-magnifique, mais commode et d’une excessive propreté ; il est situé à cinq lieues d’Orléans, sur les bords de la Loire.
La forêt voisine qui l’ombrage, nous procure des promenades charmantes ; les prairies vertes et fraîches qui l’environnent, toujours peuplées de troupeaux gras et bondissans, sont par-tout ornées de villages et de maisons de campagne ; les jardins agréablement coupés par des canaux limpides, par des bosquets odoriférants, qu’égayent une multitude étonnante de rossignols ; l’immense quantité de fleurs qui s’y succèdent neuf mois de l’année ; l’abondance du gibier et des fruits ; l’air pur et serein qu’on y respire… tout cela, mon ami, contribue, quoique l’objet soit de peu de conséquence, à en faire un séjour digne d’orner l’Élysée, et est mille fois préférable à toutes les belles