Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/112

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un siècle, ils s’en moquent. Mais si l’horreur pour la propagation de son espèce est empreinte dans l’ame des sujets de cet empire ; elle est bien autrement gravée dans celle du monarque qui le régit : non-seulement ses goûts contrarient les vœux de la nature ; mais, s’il lui arrive même de s’oublier avec une femme, et qu’il soit parvenu à la rendre sensible, la peine de mort devient la punition de trop d’ardeur de cette infortunée ; elle ne double son existence que pour perdre aussi-tôt la sienne : aussi, n’y a-t-il sortes de précautions que ne prennent ces femmes pour empêcher la propagation, ou pour la détruire. Tu t’étonnais hier de leur quantité, et néanmoins sur ce nombre immense à peine y en a-t-il quatre cent en état de servir chaque jour. Enfermées avec exactitude dans une maison particulière tout le tems de leurs infirmités, reléguées, punies, condamnées à mort pour la moindre chose,… immolées aux Dieux, leur nombre diminue à chaque moment ; est-ce trop de ce qui reste pour le service