Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/123

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dant à cette époque ta Nation ne possédait pas cinq millions d’écus : vous deviez aux Anglais cinquante millions, et par conséquent rien qu’à un seul de vos créanciers trente-cinq fois plus que vous ne possédiez ; si votre or vous appauvrit à ce point, pourquoi sacrifiez-vous tant au desir de l’arracher du sein de la terre ? Mais si je me trompe, s’il vous enrichit, pourquoi dans ce cas l’Angleterre vous tient-elle sous sa dépendance ? — C’est l’agrandissement de votre monarchie qui nous a précipité dans les bras de l’Angleterre, d’autres causes nous y retiennent peut-être ; mais voilà la seule qui nous y a placé. La maison de Bourbon ne fut pas plutôt sur le trône d’Espagne, qu’au lieu de voir dans vous un appui comme autrefois, nous y redoutâmes un ennemi puissant ; nous crûmes trouver dans les Anglais ce que les Espagnols avaient en vous, et nous ne rencontrâmes en eux que des tuteurs despotes, qui abusèrent bientôt de notre faiblesse ; nous nous forgeâmes des fers sans nous en douter.