Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/180

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joignent à cela de la chair de singe, qu’on estime fort dans ces contrées. Ils tirent du maïs une liqueur très-enivrante, et préférable à notre eau-de-vie ; quelquefois ils la boivent pure, souvent ils la mêlent avec de l’eau communément mauvaise et saumâtre ; ils ont une manière de confire et de garder l’igname[1], qui le rend délicat et bon.

Ils n’ont point de monnaie entr’eux, ni signe qui la représente : chacun vit de ce qu’il a ; ceux qui veulent des productions étrangères rapportées par les commerçans, se les procurent par échange, ou en prêt d’esclaves, de femmes et d’enfans pour les travaux ou pour les plaisirs. La table du Roi

  1. La racine de l’igname est longue d’un pied et demi dans les bonnes terres ; elle se plante en Décembre : on connaît sa maturité lorsque ses feuilles se flétrissent ; on la coupe en morceaux, ou la mange rôtie sur la braise, ou bien on la fait bouillir avec de la chair salée ; elle sert quelque fois de pain : on en fait aussi des bouillies agréables ; les nègres en font du langou et du pain.