Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/187

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de femmes, de garçons ou d’esclaves, cela regarde la famille du malade ; ils n’exigent aucuns comestibles, qu’en feraient-ils dans une maison plus que suffisamment entretenue par les revenus de l’idole qu’on y sert.

Chaque particulier prend en mariage autant de femmes qu’il en peut nourrir ; le chef de chaque district, à l’instar du Roi, a un sérail plus ou moins considérable, et communément proportionné à l’étendue de son domaine. Ce sérail, composé comme je l’ai dit, des tributs qu’il retire, est dirigé par des esclaves qui ne sont point eunuques ; mais dans une si grande dépendance, d’ailleurs, si prêts à tout moment à perdre la vie, que rien n’est plus rare que leur malversation. Il y a dans ce sérail une Sultane privilégiée et regardée comme la maîtresse de la maison : elle change fort souvent ; cependant, tant qu’elle règne, les enfans qu’elle fait, ce qui est fort rare, sont regardés comme légitimes, et l’aîné de tous ceux que le père a eu pendant sa vie, n’importe de quelle femme, succède à tous les