Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/271

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tailler les arbres, de diriger les jeunes plants, de les fortifier ; de moissonner le grain, de l’employer à la nourriture de l’homme… M’élevant au-dessus de ces états, le poëte embellissait mes idées, il leur donnait de la vigueur et du coloris, il m’enseignait l’art de les peindre ; l’historien, celui de transmettre les faits à la postérité, de faire connaître les mœurs de toutes les Nations ; je m’instruisais avec le ministre des autels dans la science inintelligible des Dieux ; le suppôt des loix me conduisait à celle plus chimérique encore, d’enchaîner l’homme pour le rendre meilleur ; le financier me dirigeait dans la levée des impôts, il me développait le systême atroce de n’engraisser que soi de la substance du malheureux, et de réduire le peuple à la misère, sans rendre l’État plus florissant ; le commerçant, bien plus cher à l’État, m’apprenait à équivaloir les productions les plus éloignées aux monnaies fictives de sa Nation, à les échanger, à se lier par le fil indestructible de la corres-