Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/280

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de Cabrieres : on distinguait les potences d’Amboise ; on entendait encore dans la Capitale l’affreuse cloche de la Saint-Barthélémi ; l’Irlande ruisselait du sang des meurtres ordonnés pour des points de doctrine ; il ne s’agissait en Angleterre que des horribles dissentions des puritains et des non-conformistes. Les malheureux pères de votre religion (les Juifs) se brûlaient en Espagne en récitant les mêmes prières que ceux qui les déchiquetaient ; on ne me parlait en Italie que des croisades d’Innocent VI ; passé-je en Écosse, en Bohême, en Allemagne, on ne me montrait chaque jour que des champs de bataille où des hommes avaient charitablement égorgé leurs frères pour leur apprendre à adorer Dieu[1]. Juste ciel ! m’écriai-je, sont-ce

  1. On s’est battu en Bohême pendant vingt ans, et il en a coûté la vie à plus de deux millions d’hommes, pour décider s’il fallait communier sous les deux espèces, ou simplement sous une. Les animaux qui se battent pour