Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/281

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donc les furies de l’Enfer que ces frénétiques servent ? quelle main barbare les pousse à s’égorger ainsi pour des opinions ? est-ce une religion sainte que celle qui ne s’étaie que sur des monceaux de morts, que celle qui ne stigmatise ses cathécumènes qu’avec le sang des hommes ! Eh que t’importe, Dieu juste et saint, que t’importe nos systêmes et nos opinions ! que fait à ta grandeur la manière dont l’homme t’invoque ; ce que tu veux, c’est qu’il soit juste ; ce qui te plaît, c’est qu’il soit humain : tu n’exiges ni genuflexions, ni cérémonies ; tu n’as besoin ni de dogmes, ni de mystères ; tu ne veux que l’effusion des cœurs, tu n’attends de nous que reconnaissance et qu’amour.

Dépouillons ce culte, me dis-je alors,

    leurs femelles ont une excuse au moins dans la nature ; mais quelle peut être celle des hommes qui s’égorgent pour un peu de farine et quelques gouttes de vin ?