Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/34

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tant cette partie couverte, et imaginant bien qu’elle se trompait, la vieille avait palpé pour se convaincre encore mieux de son erreur. Léonore extrêmement sensible, et chatouillée dans un endroit de son corps dont jamais nulle main ne s’était approchée, n’avait pu s’empêcher de tressaillir ; la nonne avait pris le mouvement pour un miracle ; elle s’était jettée à genoux ; sa ferveur avait redoublé ; mieux guidée dans ses nouvelles recherches, elle avait réussi à donner un tendre baiser sur le front de l’objet de son idolâtrie, et s’était enfin retirée.

Après avoir bien ri de cette aventure, nous partîmes, Léonore, la femme que j’avais amenée de Paris, un laquais et moi ; il s’en fallut de bien peu que nous ne fissions naufrage dès le premier jour. Léonore fatiguée, voulut s’arrêter dans une petite ville qui n’était pas à dix lieues de la nôtre : nous descendîmes dans une auberge ; à peine y étions-nous, qu’une voiture en poste s’arrêta pour y dîner comme nous… C’était mon père ; il revenait