Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/35

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d’un de ses châteaux ; il retournait à la ville, l’esprit bien loin de ce qui s’y passait. Je frémis encore quand je pense à cette rencontre ; il monte ; on l’établit dans une chambre absolument voisine de la nôtre ; là, ne croyant plus pouvoir lui échapper, je fus prêt vingt fois à aller me jetter à ses pieds pour tâcher d’obtenir le pardon de mes fautes ; mais je ne le connaissais pas assez pour prévoir ses résolutions, je sacrifiais entièrement Léonore par cette démarche ; je trouvai plus à propos de me déguiser et de partir fort vite. Je fis monter l’hôtesse ; je lui dis que le hasard venait de faire arriver chez elle un homme à qui je devais deux cents louis ; que ne me trouvant ni en état, ni en volonté de le payer à présent, je la priai de ne rien dire, et de m’aider même au déguisement que j’allais prendre pour échapper à ce créancier. Cette femme, qui n’avait aucun intérêt à me trahir, et à laquelle je payai généreusement notre dépense, se prêta de tout son cœur à la plaisanterie ;