Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/347

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nement y entraîne ; ou si le crime vous nuit, changez la constitution du Gouvernement qui le fait naître ; mettez, comme je l’ai fait, le Citoyen dans l’impossibilité d’en commettre ; mais ne le sacrifiez pas à l’ineptie de vos loix, et à votre entêtement de ne les vouloir pas changer.

Soit, dis-je à Zamé ; mais il me semble que si vous avez peu de vices, vous ne devez guères avoir de vertus ; et n’est-ce pas un Gouvernement sans énergie, que celui où les vertus sont enchaînées ?

Premièrement, répondit Zamé, cela fût-il, je le préférerais : j’aimerais mille fois mieux, sans doute, anéantir tous les vices dans l’homme, que de faire naître en lui des vertus, si je ne le pouvais qu’en lui donnant des vices, parce qu’il est reconnu que le vice nuit beaucoup plus à l’homme, que la vertu ne lui est utile, et que dans vos Gouvernemens sur-tout, il est bien plus essentiel de n’avoir pas le vice qu’on punit, que de posséder la vertu qu’on ne récompense point. Mais vous vous êtes