Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/348

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trompé ; de l’anéantissement des vices ne résulte point l’impossibilité des vertus : la vertu n’est pas à ne point commettre de vices, elle est à faire le mieux possible dans les circonstances données ; or, les circonstances sont également offertes ici à nos Citoyens, comme aux vôtres : la bienfaisance ne s’exerce pas comme chez vous, j’en conviens, à des legs pieux, qui ne servent qu’à engraisser des moines, ou à des aumônes, qui n’encouragent que des fainéans ; mais elle agit en aidant son voisin, en secourant l’homme infirme, en soignant les vieillards et les malades, en indiquant quelques bons principes pour l’éducation des enfans, en prévenant les querelles ou les divisions intestines ; le courage se montre, à supporter patiemment les maux que nous envoie la nature ; cette vertu ainsi exercée, n’est-elle pas d’un plus haut prix que celle qui ne nous entraîne qu’à la destruction de nos semblables ? Mais celle-là même s’exercerait avec sublimité, s’il s’agissait de défendre la Patrie ; l’amitié qu’on