Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/371

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sans en retirer aucun fruit. La liberté et la vie sont les deux seuls présens que l’homme ait reçus du ciel, les deux seules faveurs qui puissent balancer tous ses maux ; or comme il ne les doit qu’à Dieu seul, Dieu seul a le droit de les lui ravir.

À mesure que les Celtes se policèrent, et que le commerce des Romains, en les assouplissant d’un côté, leur enlevait de l’autre cette âpreté de mœurs qui les rendait féroces, les victimes destinées aux Dieux, ne furent plus choisies ni parmi les vieillards, ni parmi les prisonniers de guerre, on n’immola plus que des criminels toujours dans l’absurde supposition que rien n’était plus cher que le sang de l’homme, aux autels de la divinité ; en achevant votre civilisation, le motif changea, mais vous vous conservâtes l’habitude, ce ne fut plus à des Dieux altérés de sang humain, que vous sacrifiâtes des victimes, mais à des loix que vous avez qualifié de sages, parce que vous y trouviez un motif spécieux pour vous livrer à vos anciennes cou-