Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes sujets. Bien éloigné de calquer mes loix sur les maximes erronées de la plupart des religions reçues, bien éloigné d’ériger en crimes les faiblesses de l’homme, si ridiculement menacées par les cultes barbares, j’ai cru que s’il existait réellement un Dieu, il était impossible qu’il punît ses créatures des défauts placés par sa main même ; que pour composer un code raisonnable, je devais me régler sur sa justice et sur sa tolérance ; que l’athéisme le plus décidé devenait mille fois préférable à l’admission d’un Dieu, dont le culte s’opposerait au bonheur de l’humanité, et qu’il y avait moins de danger à ne point croire à l’existence d’un Dieu, que d’en supposer un, ennemi de l’homme.

Mais une considération plus essentielle au législateur, une idée qu’il ne doit jamais perdre de vue en faisant ses loix, c’est le malheureux état de liens dans lequel est né l’homme. Avec quelle douceur ne doit-on pas corriger celui qui n’est pas libre, celui qui n’a fait le mal que parce qu’il lui devenait impossible de ne le pas faire. Si toutes