Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/455

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lement douce, n’aime pas à répandre le sang.

Notre entretien nous ayant mené à l’heure du dîné, nous revinmes. — Votre navire est prêt, me dit Zamé au sortir du repas ; ses réparations sont faites, et je l’ai fait approvisionner de tous les rafraîchissemens que peut fournir notre isle ; mais mon ami, poursuivit le philosophe, je vous ai demandé quinze jours ; n’en voilà que cinq d’écoulés, j’exige de vous de prendre, pendant les dix qui nous restent, une connaissance plus exacte de notre isle ; je voudrais que mon âge et mes affaires me permissent de vous accompagner…… Mon fils me remplacera ; il vous expliquera mes opérations, il vous rendra compte de tout, comme moi-même.

Homme généreux, répondis-je, de toutes les obligations que je vous ai, la plus grande sans doute est la permission que vous voulez bien m’accorder ; il m’est si doux de multiplier les occasions de vous admirer, que je regarde, comme une jouissance, chacune