Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/469

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des chaînes ; elle a eu besoin d’un législateur, mes devoirs sont remplis. À ma mort, les habitans de cette isle heureuse jouiront des douceurs d’un gouvernement libre et républicain. Je les y prépare ; ce que leur destinaient les vertus d’un père que j’ai tâché d’imiter, les crimes, les atrocités de vos souverains le destinent de même à la France. Rendus égaux, et rendus tous deux libres, quoique par des moyens différens, les peuples de ta patrie et ceux de la mienne se ressembleront ; je te demande alors, mon ami, ta médiation près des Français pour l’alliance que je désire… Me promets-tu d’accomplir mes vœux… — Ô respectable ami, je vous le jure, répondis-je en larmes ; ces deux nations sont dignes l’une de l’autre, d’éternels liens doivent les unir… Je meurs content, s’écria Zamé, et cet heureux espoir va me faire descendre en paix dans la tombe. Viens, mon fils, viens, continua-t-il en m’entraînant dans la chambre du vaisseau ;… viens, nous nous ferons là nos derniers