Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/47

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elle vous plaignait de bonne foi, et peut-être que, sans votre emportement, vous en eussiez appris davantage. Ces isles, continuellement remplies d’étrangers, le sont également d’espions, que la République y entretient ; vous avez tenu des propos, voilà la seule raison de vos arrêts. — Ces arrêts ne sont pas naturels, et votre gouvernement sait bien ce qu’est devenue celle que j’aime ; ô mon ami ! faites-la-moi rendre, et mon sang est à vous. — Soyez franc, est-ce une fille enlevée en France ? Si cela est, ce qui vient de se faire pourrait bien être l’ouvrage des deux Cours ; cette circonstance changerait absolument la face des choses… Et me voyant balbutier : — Ne me cachez rien, poursuit Antonio, apprenez-moi ce qui en est, je vole à l’instant m’informer ; soyez certain qu’à mon retour je vous apprendrai si votre femme a été enlevée par ordre ou par surprise. — Eh bien ! répondis-je avec cette noble candeur de la jeunesse, qui, toute honorable qu’elle est, ne sert pourtant qu’à