Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/46

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ses consolations : l’état dans lequel j’étais permettait-il de rien entendre… Je consentis enfin à l’écouter. — Soyez pleinement en repos sur ce qui vous regarde, me dit-il ; je ne prévois qu’un ordre de vous retirer dans vingt-quatre heures des terres de la république, elle n’agira sûrement pas plus sévèrement avec vous. — Eh ! que m’importe ce que je deviendrai ; c’est Léonore que je veux, c’est elle que je vous demande. — Ne vous imaginez pas qu’elle soit à Venise ; le malheur dont elle est victime est arrivé à plusieurs autres étrangères, et même à des femmes de la ville : il se glisse souvent dans le canal des barques turques ; elles se déguisent, on ne les reconnaît point ; elles enlèvent des proies pour le serrail, et quelques précautions que prenne la république, il est impossible d’empêcher cette piraterie. Ne doutez point que ce ne soit là le malheur de votre Léonore : la veuve du jardin de Malamoco n’est point coupable, nous la connaissons tous pour une honnête femme ;