Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/486

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Le Dieu que vous m’offrez a été malheureux comme moi,… et comme moi, victime de la calomnie et de la scélératesse des hommes, il doit me plaindre et vous condamner. Sur cette réponse, l’inquisiteur, palpitant de rage, dit au greffier d’écrire que j’étais athée. — Vous écrivez un mensonge, m’écriai-je ; j’affirme que je crois à un Dieu, que je le crains, que je l’adore, et que je ne hais que ceux qui abusent de son nom, pour accabler l’innocence. Le greffier arrêté par cette réponse, fixa l’inquisiteur…… Écrivez, dit celui-ci, qu’il invective les officiers du tribunal… Que votre éminence réfléchisse, dit le greffier en espagnol, croyant que je ne l’entendais pas… Écrivez donc, que c’est un calomniateur, dit le moine toujours furieux. — Je croyais, dis-je alors à ce juge atroce, qu’il s’agissait moins de constater ce qui se passe ainsi à huis-clos, que de m’interroger sur les faits qu’on me suppose, et de me confronter aux témoins. — Il n’y a jamais de telles confrontations dans un tribunal dirigé par l’esprit