Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/487

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de Dieu ; où règne cet esprit sacré, les formalités deviennent inutiles ; à qui est l’or que vous changeâtes hier chez le directeur des monnaies ? — À moi. — D’où vous vient-il ? — Des bontés d’un ami qui craint Dieu, qui aime les hommes, qui leur rend service, et qui ne les tourmente jamais. — Il y a donc des mines d’or dans son isle ? — Non, dis-je affirmativement, (aurais-je pu me pardonner, par une réponse contraire, d’attirer de tels ennemis au meilleur des humains.) Non, il a reçu des lingots en paiement des différens objets d’un commerce fait avec les Anglais. — Et il vous a fait un tel présent ? — Il ne s’en sert plus, il a renoncé à tout négoce étranger, cet or lui devient inutile. — Inutile ? Pour près de huit millions !… Et alors, je vis que toute ma fortune était déjà dans les mains de ces scélérats…

L’inquisiteur redoubla ses questions, il y mit tout l’art qu’il put pour me faire contredire ou couper, art profond, qui n’est possédé nulle part comme par les ministres de ce tribunal de sang ; mais je ne sortis jamais