Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/57

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à les aigrir par une plus longue absence.

Je remerciai sincèrement le Comte, et à la fin de son discours m’ayant fait sentir qu’il serait plus prudent à moi de lui déguiser mes projets, que de lui en faire part… que peut-être même il desirait que j’agisse ainsi ; je le quittai, le comblant des marques de ma reconnaissance, et l’assurant que j’allais réfléchir à l’un ou l’autre des plans que son honnêteté me conseillait.

Je n’avais ni payé, ni congédié ma felouque ; je fis venir le patron, je lui demandai s’il était en état de me conduire à Tunis. « Assurément, me dit-il, à Alger, à Maroc, sur toute la côte d’Afrique, votre Excellence n’a qu’à parler ». Trop heureux dans mon malheur de trouver un tel secours ; j’embrassai ce marinier de toute mon ame. — Ô brave homme ! lui dis-je avec transport… ou il faut que nous périssions ensemble, ou il faut que nous retrouvions Léonore.

Il ne fut pourtant pas possible de partir, ni le lendemain, ni le jour d’après : nous