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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/100

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blasphême ; ils ne prononcent pas un seul mot qui n’en soit entremêlés ; il est difficile de concevoir l’art qu’ils employent à les varier, ils étaient autrefois chrétiens, mais cette loi beaucoup trop gênante pour leur mœurs, leur a promptement déplu, et leur dérêglement rend leur culte actuel assez difficile à démêler.

Le penchant étonnant de ces peuples au blasphême, donna occasion à Dom Gaspard de me développer quelqu’uns de ses principes, je vais continuer de vous les tracer. Comment est-il, me disait ce brave et honnête compagnon de route, que les hommes ayent pu s’imaginer que l’être grand et supérieur qu’ils érigent, que cet être sublime qu’ils regardent comme leur créateur, puisse se trouver offensé des invectives qu’il leur plait de lui adresser ? Cet être qu’ils font auteur de tout, qu’ils regardent comme unique principe des choses créées, n’est-il donc pas au-dessus des injures ? Est-il jamais présumable qu’elles puissent arriver jusqu’à lui ? Mais ces imprécations que lui