Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/104

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ou méchans, de le connaître ou de le nier, de l’adorer ou le haïr ; d’après le genre d’organisation que nous avons reçue de lui, il s’embarrasse fort peu du parti que nous prendrons sur l’une ou l’autre de ces choses, indifférent à nos hommages, nullement touché de nos blasphêmes, toujours trop au-dessus de nous, pour en être jamais atteint, tout ce que nous faisons lui est égal, parce que tout est nécessité, et que nous n’agissons que d’après ses loix ; n’imaginons donc pas être plus récompensé pour l’avoir prié, que molesté pour l’avoir maudit ; il ne nous accordera pas plus de graces pour l’un qu’il ne nous fera subir de tourmens pour l’autre ; n’est-ce pas une chose vraiment risible que de voir l’homme, cet être chétif et faible auquel il serait impossible de changer un instant le cours de la plus petite étoile ; s’imaginer que ses injures ou ses prières allant bien plus haut, irriteront ou disposeront en sa faveur l’artisan des chefs-d’œuvre, qu’il n’a pas même la faculté de déranger. Étrange aveuglement