Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/103

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est toujours le plus fort, quelque soit l’arme dont nous osions le menacer, il l’emportera toujours sur nous, et de ce moment ce que nous entreprenons, n’étant plus que le frêle élan de la faiblesse sur la force, rien n’en arrivera jusqu’à lui, il ne s’offensera donc point d’injures, qu’il mérite, qu’il veut mériter, et qu’il s’est moqué de mériter. Ô ! folie éternelle des hommes, de vouloir toujours juger dieu sur eux-mêmes, ils se croyent offensés d’un mot qui ne frappe que l’air, ils s’imaginent que dieu leur ressemble. — Ah ! cessons de faire de dieu un être matériel comme nous… courroucé de nos invectives, sensible à nos éloges, facile à nos prières, nous voulons toujours le regarder comme un monarque humain, et qui comme tel, doit nous entendre et nous juger ; voilà comme en rapetissant ses vues, le plus célèbre adorateur de dieu, ne se trouve au fond qu’un idolâtre. Dieu est trop grand, dieu est trop spirituel pour toutes ces choses humaines ; nous livrant à la faculté qu’il nous a laissée d’être bons