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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/127

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m’avaient prise pour un dieu, les autres pour un sorcier, mais tous s’étaient enfuis, le roi seul un peu moins crédule, ordonna qu’on me ramena à l’instant à ses yeux ; on fait venir Gaspard, les interprètes s’avancent et on me demande ce que signifie cet état mixte dont la nature n’offrait aucun exemple ; il n’y eut plus moyen de feindre, il fallait tout avouer ; le roi me fit débarbouiller devant lui, me fit prendre des habits à l’usage de ses femmes, et m’ayant malheureusement trouvée de son goût sous cette métamorphose, il me déclara qu’il fallait m’apprêter à recevoir, dès la même nuit, l’honneur de servir ses plaisirs. — Funeste arrêt, me dis-je, différence bien légère entre le supplice qui m’attend et celui où j’échappe. — Ô Sainville !… Sainville, ne m’aimerais-tu pas mieux empalée…

En considération des plaisirs que le roi de Sennar se promettait avec moi, il accorda la vie au jeune Portugais, mais on nous sépara aussitôt, il fut placé parmi les