Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/148

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motapa, par le royaume de Monoëmugi, en traversant les affreux déserts des Caffres. Dom Gaspard ne voulut pas m’exposer aux terribles dangers de cette route, et comme la caravane se séparait ici, nous suivîmes la portion de nos voyageurs, composée d’hollandais et de portugais, qui prit la résolution de gagner les bords du fleuve Zébé, et de s’y embarquer pour le descendre jusqu’à Monbaca, sur la côte du Zanguebar où nous devions trouver un comptoir portugais ; cette manière plus commode de voyager, offrant beaucoup moins d’événemens, vous permettrez que je vous transporte tout de suite à Monbaca où dom Gaspard me présenta à ses compatriotes comme une jeune française que des malheurs sans nombre avaient fait tomber dans ses mains, et qu’il s’était engagé de ramener en Europe dès que les affaires qu’il avait au Monomotapa seraient finies. La noblesse du procédé de dom Gaspard qui ne voulut jamais prendre avec moi d’autre titre que celui d’ami,