Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/160

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pas des pensées, je vous prie, il n’y aurait pas au monde une seule femme de chaste, si leurs pensées se mettaient au jour.

Je serais donc cette femme unique, reprit l’épouse de Sainville, car je proteste que depuis que j’existe, mon esprit toujours dirigé par mon cœur, n’a pas conçu une seule idée qui n’ait eu mon mari pour objet. Allons, continuez donc, belle Léonore, dit le comte, vous êtes faite pour les singularités, c’est l’histoire du sang, n’est-ce pas, ma chère présidente. Madame de Blamont baissa ses deux grands yeux, elle rougit, et notre belle aventurière profitant du silence qu’on faisait de nouveau pour l’entendre, continua de la manière suivante : On s’occupait vivement au fort de Tété, quand dom Gaspard mourut, de la réunion de cette colonie avec celle de Benguele, par le milieu des terres et d’un établissement dans le royaume de Butua. Le cabinet de Lisbonne, toujours rempli de ce