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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/183

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pas la mine si gaie. — Eh quoi, si peu de chose change ton humeur ? — Si peu de chose… Je te dis, qu’il n’y a rien de plus effrayant ; j’aurais mieux aimé mille fois combattre le taureau à la porte de l’Alcala de Madrid, que de jouter contre ce cannibale ; mais patience, tu auras ton tour, et tu m’en diras des nouvelles. — Cette espérance pourrait bien te tromper ; je crois être sûre de lui maintenant, et crois l’être également, qu’au moyen de l’empire que je me suis acquis, tu n’as plus rien à en redouter. — Dieu le veuille, dit Clémentine, et nous nous couchâmes.

Le lendemain, de bonne heure, le monarque vint nous voir ; il voulut prendre quelques libertés avec ma compagne, il s’en saisit, et ce qu’il semblait vouloir varier à ses entreprises de la veille, n’en effrayait que plus Clémentine… Je me mis à pleurer, il l’abandonna tout de suite, et s’avançant vers moi, qu’as-tu fière esclave ?… C’était le nom qu’il m’avait donné… — Qu’as-tu, quelle est la cause de ton chagrin ?