Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/184

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— Ton infidélité ; je me flattais d’être aimée de toi ; je vois bien que je me suis trompée. — Ce n’est pas toi que j’attaque ; tu me refuses ; je ne te presse plus ; n’est-ce pas là tout ce que tu veux ? — Mes désirs vont plus loin ; en aspirant à ton cœur, je veux le posséder seule ; le partager est un outrage, en doit-on faire à l’objet de ses feux ? — Comment, il faut, non-seulement ne point jouir de toi quand on t’aime, mais encore ne jouir de rien en t’aimant ; tu ordonnes trop, esclave, tu ordonnes trop. — Craignant effectivement alors que ce cœur dépravé ne glissa dans la main qui cherchait à le captiver,… ce que je desire de toi, lui dis-je, est une preuve de ta tendresse que tu es le maître de me refuser ; mais il ne faut pas plus exiger des autres que de moi, si tu veux que je croie à ton amour. — Eh bien, je vais te satisfaire encor, je vais te prouver combien je desire de ta part ce que tu mets à un si haut prix… Toi, dit-il à ma compagne, tu ne serviras plus à mes plaisirs, puisque cela t’afflige,