Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/191

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principes qui, nécessairement divers, doivent produire des effets dissemblables. Adrien put aimer Antinoüs, comme Abeillard aima Héloïse ; l’un n’avait qu’une mauvaise tête, l’autre n’avait qu’un bon cœur. Adrien, plus délicat et aussi libertin, eût aimé à la fois Héloïse et Antinoüs ; tandis qu’Abeillard, seulement délicat, n’eût jamais aimé qu’Héloïse.

Enfin l’empereur était amoureux ; il ne se conduisait plus que par mes conseils, il ne prenait même plus aucune résolution relative au gouvernement de ses états, sans me demander mon avis. Dès que je le sentis à ce point, j’entamai la négociation, aidée des instructions de Clémentine, je lui fis sentir l’avantage qu’il devait retirer de l’amitié des Portugais ; de quel prix serait pour lui cette alliance dans ses perpétuelles guerres avec les nations qui l’environnaient ; la supériorité du peuple dont je lui proposais l’union, l’effraya un instant ; il redouta d’en être subjugué ; mais quand je lui