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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/201

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l’abyme effrayant qu’elle creusait déjà sous nos pas.

Nous arrivâmes donc sans accident aux Colonies Portugaises de cette côte d’Afrique, le consul averti, nous reçut à merveille, nous combla d’éloges, et après nous avoir gardé chez lui le temps nécessaire à attendre le vent favorable, il nous conduisit lui-même avec toute sorte d’égards à bord du vaisseau marchand qui devait nous transporter à Lisbonne. Nous lui recommandâmes les deux femmes qui avaient été faites prisonnières avec nous, nous lui témoignâmes le regret que nous avions d’avoir été forcées de les abandonner, il nous promit ses soins pour elles, et nous partîmes.

Pendant que les voiles mollement enflées par le souffle frais des aquilons, font voler le vaisseau sur la plaine liquide, que le passager se livre en baillant d’ennui, au doux espoir d’embrasser bientôt ce qu’il a de plus cher ; que l’aumonier prie ; que le matelot jure, que l’officier s’enivre ; il est à-propos ce me semble de vous ins-