Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais dom Lopes avoit protesté de sa bonne foi, il avait même envoyé plusieurs de ses gens courir faussement après nous, moyennant quoi, rien ne se dérangeait dans l’alliance projettée, et la paix mutuelle en avait été d’autant moins troublée que dom Lopes s’était engagé par l’acte même du projet, à faire venir à l’empereur dix femmes blanches dont il lui jura que la moins belle vaudrait infiniment mieux qu’aucune de celles qu’il perdait.

Tous les dangers pourtant n’étaient pas évanouis pour nous, nous avions à traverser le pays entier des Jagas, peuple aussi méchant pour le moins que celui que nous quittions ; nous fûmes huit jours avant que d’arriver à Benguele, ne mangeant que quelques singes tués à la chasse, et couchant les nuits sur des arbres ; rien ne nous arriva cependant ; la fortune qui nous destinait à de plus grands maux dans notre patrie que chez les peuples les plus sauvages de la terre, nous couvrit ici de ses aîles, mais pour nous plonger peu après dans