Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/232

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sont d’aller à Madrid ; là je te l’avais promis, et t’en renouvelle le serment ; si ma mère et le duc de Médina-Celi vivent encore, je te donnerai tout ce qu’il faudra pour passer en France ; mais il faut y arriver. Calculons un instant tous les moyens qui s’offrent à nous pour y parvenir ; ou il faut, en nous prostituant, gagner ici de quoi nous y conduire, ou il faut demander l’aumône en chemin, — ou il faut voler ; lequel trouves-tu le plus honnête des trois ?… Tu proposes de travailler ? où nous mèneront six vingtains par jour[1], que nous gagnerons peut-être en passant chacune douze heures à l’ouvrage … Pendant ce tems-là nous écrirons, dis-tu ? Faible ressource, ma chère ; on obtient quelquefois en sollicitant soi-même, presque jamais en écrivant. Combien de gens d’ailleurs ont pour maxime, qu’il ne faut jamais ré-

  1. Environ quinze sols de France ; c’est le quart de la cruzade d’argent.