Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/238

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proposé, vous retrouverez vos malles et un tiers de plus que leur valeur. »

Notre premier mouvement à toutes deux, fut une surprise muette qui nous tint les yeux fixés l’une sur l’autre, la bouche ouverte, et la respiration arrêtée. Clémentine, toujours plus vive que moi dans le malheur, rappela aussi-tôt le garçon de l’auberge : quel est, lui-dit-elle, l’homme qui vient d’apporter cette lettre ; le valet, en vérité, je ne le connais pas ; c’est la première fois qu’il met les pieds dans cette maison. Léonore, il se dit au duc de Cortéreal, connaissez-vous ce duc ? Le valet, assurément ; c’est un des plus riches seigneurs de Lisbonne. Clémentine, fort libertin ? Le valet, il aime les femmes, il les paye bien. Clémentine, quel âge a-t-il ? le valet, cinquante ans. Clémentine, dites-nous, mon ami,… vous avez l’air d’un brave garçon ; instruisez-nous comment il est possible que ce duc puisse avoir des nouvelles de nos malles ? Le valet, il en a ? Léonore, oui : écoutez, dit le garçon (en