Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/269

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première fois que vous nous en verrez répandre d’autre que celui des animaux qui nous sustentent. Eh bien ! dis-je, touchez-là, brave ami, nous sommes à vous, regardez-nous comme vos sœurs, et recevez-nous quand vous voudrez, nous sommes prêtes à tout, aux deux seules conditions, de conserver notre honneur intacte, et de ne jamais souiller nos mains de sang. — Accordé, s’écria la troupe entière. — Un moment, dit le chef, avez-vous réfléchi qu’il faut faire abjuration ? Nous adorons le diable, et nous ne croyons pas en Dieu, nous servons l’un, nous injurions l’autre, il y a des cérémonies très-fortes, dont nous ne vous exempterons pas. — Offensent-elles la pudeur, m’écriai-je. — Elles n’absorbent que le préjugé, dit le chef, elles n’attaquent et n’outragent que des chimères, et laissent en repos toutes les vertus…… Nous ferons tout, nous ferons, dit Clémentine… Tu l’entends, je réponds pour toi, Léonore ; je cesse d’être ton amie, si tu me fais jurer