Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

danser, à voltiger et à prophétiser bien ou mal.

Nous traversâmes les jours d’après l’Estramadoure, toujours côtoyant le fleuve, dont nous nous étions rapproché après avoir quitté Coria, et sans qu’aucun événement de conséquence vint nous distraire ou nous arrêter. Nous dirigeant sur Tolède, nous étions prêts enfin à entrer dans la Castille neuve, lorsque coupant le milieu d’une forêt qui se trouve sur la frontière de l’Estramadoure et de la Castille, nous entendîmes appeler au secours dans le taillis de la lisière du bois, nous y volons ; juste ciel ! une malheureuse fille de 13 à 14 ans, couchée à terre, déjà nue, les bras liés à deux arbres, allait devenir la proie d’un grand jeune homme fort et vigoureux, dont la mule était attachée près de là.

Qu’est-ce ceci, frère, s’écria Brigandos, et que t’a fait cette malheureuse pour la traiter aussi mal ?… Ah ! seigneur, dit la jeune fille en sanglotant, je ne lui ai jamais rien fait, je vous le jure ; il m’a