Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/348

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rencontré à trois lieues d’ici, gardant un peu de bétail à mon père, il m’a demandé le chemin de Tolède : je le lui ai montré ; il m’a dit qu’il craignait de s’égarer, qu’il me demandait en grace de marcher devant lui pour le guider ; je l’ai fait par bonté d’ame, voulant néanmoins le quitter à chaque lieue, et lui, me promettant toujours de l’argent si je voulais le sortir totalement de la forêt, quand nous avons été ici et qu’il a cru que personne ne pouvait l’entendre, il est descendu de sa mule, puis sautant sur moi le pistolet à la main, il m’a menacé de me brûler la cervelle si je lui opposais la moindre résistance, et comme je voulais m’échapper malgré cela, il m’a jetté par terre d’un coup de pied dans les reins, dont je suis toute meurtrie ; là, me voyant sans force, il m’a traînée auprès du bois et m’a mit dans l’état où vous me voyez. Il se préparait sans doute à faire pis, lorsque le ciel et ma sainte patrone vous ont envoyé pour me secourir. — Baron, dit notre chef en