Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/369

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nous endormîmes, et la nuit se passa tranquillement.

Amis, dit notre chef le lendemain avant de nous mettre en marche ; sans d’importantes affaires, je ne séjournerais point dans la ville dangereuse où nous allons arriver, mais on m’y appelle depuis long-tems, il m’est impossible de différer. Un vieux chanoine mozarabe[1] m’attend pour ranimer sa vigueur par des potions cordiales dont je possede seul le secret ; une de ses nièces arrive à dessein de passer six mois avec lui, il veut, malgré ses soixante ans, la recevoir comme s’il n’en avait que vingt. Le duc de Medoc m’écrit lettre sur lettre pour aller lui protéger un enlèvement… Le grand vicaire de l’archevêque a eu le malheur de faire un enfant à la nièce de son patron, il veut que j’aille détruire son

  1. Chapelle fondée sous ce nom pour 12 chanoines, dans la cathédrale, par le cardinal Kimènès. On appelle ainsi les nouveaux chrétiens, c’est-à-dire les maures convertis.