Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/368

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rondes et des patrouilles, et tenons-nous tranquilles ; celui qui a tué cette femme n’ira pas dire qu’il l’a mise là ; il faudrait être bien malheureux pour qu’on vînt nous accuser de ce crime. D’ailleurs la voilà en terre… On ne la voit plus… Ce que terre cache est bien caché… Courage, amis, ne nous dérangeons pas… Il faut convenir qu’il y a pourtant des gens plus méchans que nous dans le monde ; eh bien, ce ne sont pas les plutôt pris… La providence est si juste que le malheureux qui succombe n’est jamais que celui qui pour se livrer à quelques vertus n’a pas toujours suivi la route du crime, sa bonté le perd, au lieu que celui qui n’a point cessé d’être méchant, accoutumé à prendre plus de précautions, n’échoue jamais dans les périlleux sentiers de la vertu ; cette réflexion est cruelle, mes amis, mais les circonstances la font naître, et je ne puis la taire. Quoiqu’il en soit, couchons-nous, je ne suis plus en humeur discourante… Il nous faut partir d’ailleurs demain avant l’aube du jour. Nous