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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/378

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me résoudre à suivre aussi ces malheureuses gens jusqu’à Pampelune, où ils comptaient aller, et là de m’échapper dans la première ville de France, où la justice, entre les mains de laquelle je comptais me jetter, me donnerait et les secours et les protections nécessaires pour regagner ma province ! mais le ciel, comme vous le verrez bientôt, rompit tous ces beaux projets, et vint arrêter mes désordres, sans que j’eusse besoin de m’en mêler.

J’essayai tout encore avant que d’arriver à Tolède, pour détourner ma compagne de ses funestes projets ; mais quand une femme court à sa perte, plus l’on emploie de moyens pour l’en empêcher, mieux on la plonge dans le précipice, ses désirs croissent en raison des dangers qu’on lui fait craindre, et l’enfer fût-il à ses pieds, elle ne s’y jetterait qu’un peu plus vite. Il n’y eut rien que je n’employai pour retenir ma compagne ; rien qu’elle ne m’opposa pour légitimer sa faute ; jamais éloquence