Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/383

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laquelle lu les immole ? Mais raisonnons… Ton époux t’aime ou il ne t’aime pas ; s’il t’aime, n’ais pas peur qu’une chose qu’il ignorera toujours, puisse le refroidir à ton égard ; et ne crains pas qu’une chose qui ne blesse qu’un préjugé d’opinion, puisse te rendre un instant moins vertueuse. S’il t’aime, dût-il même la savoir cette chose… Que de motifs pour l’excuser ;… ton âge,… l’abandon dans lequel les circonstances le forcent à te laisser, toutes les causes irrésistibles du physique, et s’il a l’ame sensible, le plaisir même que cette faute t’aura procurée. Un époux vraiment aimable et juste, jouit bien plus des voluptés que sa femme goûte, que des sacrifices qu’elle lui fait, n’est-il pas bien plus doux de permettre des jouissances, que d’imposer des fers ? Quel est donc l’être barbare qui se délecte à des privations ? Lui en doit-on dès qu’il en exige ? Ah ! n’est-il pas plus délicat d’imaginer qu’on rend ce qu’on aime heureux, par la liberté qu’on lui laisse, qu’il ne peut être