Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/399

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tous les obstacles qui s’opposaient à ses vues, mais la nature plus forte que les conventions sociales, cette nature vigoureuse et mâle, qui les brise souvent au lieu de les servir, élevait mille mouvemens tumultueux dans son cœur qui lui semblaient impossibles à vaincre, et ne plaçait que trop follement l’espoir à côté de l’amour ; l’honnête liberté dont il jouissait auprès de sa sœur, lui donnait souvent occasion de s’expliquer avec elle ; long-temps il avait déguisé son trouble, captivé long-tems sous un joug cruel, il avait mieux aimé se faire violence que de montrer les sentimens coupables dont il osait brûler ; mais tant de contrainte devenait difficile à un tel caractère ; ce n’est pas avec l’ame fougueuse de Dom Juan, qu’on aime ainsi sans l’avouer.

De son côté peut-être, Léontine n’avait-elle pas remarquée sans émotion, toutes les graces d’un jeune homme charmant, qu’il lui était permis d’aimer comme frère ; mais son excessive modestie ne tolérant