Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/425

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voyez de combien de crimes je me suis à-la-fois souillé ; j’ai massacré ma maîtresse,… la respectable fille de celui qui a pris soin de mes jeunes ans… Vous voyez que je porte egalement le poignard dans le sein d’un père…, qui ne me revoit que pour me pleurer… Conduisez-moi à la mort, monsieur ;… je veux qu’elle me soit donnée publiquement :… Je veux recevoir celle que je mérite ; vous comte, désavouez-moi pour votre fils, cet écrit vous y autorise,… et vous, mon père, ne m’avouez jamais pour le vôtre ; ma mort ainsi ne deshonorera personne.

On a voulu calmer ce désespoir ; on a voulu sauver cet illustre coupable… Tous les moyens ont été employés sans qu’aucun ait pu réussir… Mon crime est trop affreux, a répondu dom Juan ; il n’y a que ma tête seule qui puisse le payer. — Et saisissant la main du corregidor, sortons, sortons, monsieur, lui a-t-il dit fermement, ou je vais me déclarer à d’autres juges, si votre pitié l’emporte sur votre devoir ; et comme