Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que depuis que je courais le monde, je ne me souvenais plus de tout celà, que je ne savais qu’invoquer Dieu, dans le fond de mon ame, contre ceux qui travaillaient à me perdre. — Tu es une impie me dit-il en reportant ses doigts sur mon sein, comme pour le couvrir ; mais en effet, pour le toucher, j’écartai sa main tout de suite… Ici sa figure s’anima prodigieusement, le courroux s’y peignit à côté de la luxure ; son agitation redoubla, et il recommença plusieurs fois sur lui-même le geste indécent qui lui était échappé, il m’apostropha de deux ou trois invectives et me dit qu’il allait me faire mettre à la question ; pourquoi faire lui dis-je ? — Pour découvrir tes crimes. — Je n’en ai point commis. — Tes impiétés. — J’adore Dieu. — Tes complices. — Je n’en ai point. Tu les nommeras quand je te tourmenterai. Et ici sa respiration se pressa ; son cœur et sa poitrine palpitaient, et ses mots ne se prononçaient plus qu’en bégayant. — Je saurai continua-t-il, t’imposer des supplices