Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/497

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait m’en faire légitimement, ou plutôt illégalement ouvrir les portes. Monseigneur est devant, me dit tout bas le laquais qui était venu me prendre, et la voiture que vous voyez est destinée pour vous et moi ; car je réponds de vous sur ma vie, jusqu’à la maison de son éminence. Je ne dis mot… Nous nous plaçons tous deux, et en moins de deux heures, trois mulles superbes nous arrivent à une campagne éloignée de plus de six lieues de Madrid. Quoiqu’il fût nuit, je remarquai, avec le plus grand soin, tous les abords de cette maison, et vous verrez bientôt si mes observations furent nécessaires.

J’entre dans un sallon délicieux, où le moine bouillant d’amour et d’impatience, m’attendait seul en habit de campagne à la française, qui ne le rendait que plus gigantesque et plus effrayant encore… Es-tu satisfaite, me dit-il en accourant vers moi, et m’embrassant avec transport, recevrai-je enfin ici le prix de