Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/532

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si cette perte est égale aux loix de la nature, qui ne se maintiennent que par des pertes… Restait-il alors bien prouvé que ces moines méritassent la mort ?… et puis tous trois périssaient par mes aveux ; or, un seul être en vaut-il trois ?… la mort du meurtrier enfin, empêche-t-elle de nouveaux meurtres ?… répare-t-elle celui qu’il a fait ?… ranime-t-elle le sang qu’il a versé ?… mais ils en avouaient plusieurs. Il ne m’appartenait pas de les prendre sur de tels aveux, je n’avais pas les indices de plusieurs crimes. À peine avais-je ceux d’un seul, je dis à peine, puisque ce crime n’avait pas été commis sous mes yeux, je ne pouvais donc pas les dénoncer pour plusieurs. J’aurais enfin tout mis en œuvre pour que les moines de l’univers entier, eussent eu la permission publique de se livrer au petit mal, qui pouvait en empêcher de si grands, mais je n’aurais pas fait un pas pour perdre des malheureux qui ne devenaient criminels que par force… Que, contraints par des loix absurdes que