Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/533

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j’aurais eu le tort de servir, en leur immolant ces victimes. Moyennant quoi je me tus, je plaignis le sort de ces bonnes gens, les payai largement de ma dépense, et suivis la route qu’ils m’assuraient devoir me rendre le même soir à Ségovie.

Cette route n’était qu’un sentier, seulement à trois lieues delà, je devais trouver le grand chemin, je le rencontrai comme on me l’avait dit, mais ne me souciant point de le suivre, toujours dans la crainte d’être poursuivie comme fugitive de l’inquisition, je me mis à battre des traverses toujours dans les directions de mes principaux points, de façon que marchant encore cette journée au hasard et n’ayant rencontré personne, je m’égarai une seconde fois. Aucun abri dans les environs, une nuit des plus obscures et qui m’otait toute espérance de me retrouver ce soir-là. Rassasiée de malheurs, frappée de tous les objets sinistres offerts à moi depuis si long-temps, une frayeur soudaine me saisit, et me laissa cheoir au pied d’un