Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/534

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chêne, presque sans force et sans mouvement, j’étais à peine dans ce funeste état, qu’un homme armé d’une carabine en bandoulière, et d’une ceinture garnie de poignards et de pistolets, se laissa glisser du haut de l’arbre, et tomba tout à coup à mes pieds… Que fais-tu la p… me dit-il d’une voix terrible, et que viens-tu chercher dans ce pays-ci ?… Hélas ! monsieur, dis-je aussitôt en me levant, je ne suis pas ce que vous croyez, mais une malheureuse femme, enlevée de France par un amant qui m’a épousée, qui m’a été ravi lui-même, que je cherche par toute la terre et que je vais essayer de retrouver dans ma patrie. Ces explications suffisaient, mais elles ne satisfaisaient pas le scélérat à qui j’avais à faire. — Tu es française me dit-il alors, en se servant de notre langue, et moi aussi ma mie, allons paye la bien venue, et m’ayant en même-temps adossée contre l’arbre, il se préparait à ne me faire aucun quartier, malgré les nœuds de la patrie ; déjà une de ses mains