Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/558

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Elle ne serait plus que l’ouvrage de la vindication ; ce sentiment est odieux dans une ame sensible ; il en démontre la faiblesse. C’est être faible que de ne pouvoir supporter une injure ; c’est être vraiment grand, que de la mépriser ; j’ai fait, en étudiant les hommes, une remarque assez singulière, c’est qu’il n’y a presque jamais que les ames basses qui se livrent au sentiment de la vengeance, infiniment plus sensibles à l’insulte, parce qu’elles n’ont la force de rien endurer, elles ne peuvent en soutenir la blessure ; et comme ces êtres-là méritent peu, ils croyent toujours qu’on ne leur rend jamais assez. L’homme, au contraire, doué d’une ame forte, qui n’imagine pas que l’injure puisse aller à lui, ou ne la voit pas, ou la méprise ; la vengeance afficherait l’insulte : il aime mieux ne la pas soupçonner, que d’apprendre, en s’armant contre ceux qui l’ont outragé, qu’il était possible qu’on lui manquât.

Que les vils satellites, gagés pour le