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Déterville à Valcour.

mens bien moins pardonnables, entrainent aux mêmes horreurs les héros que l’on glorifie, bras-de-fer et ses compagnons qui s’unissent pour voler un coche, sont-ils autre chose que deux souverains qui se lient pour en dépouiller un troisième ? et cependant ceux-ci attendent des palmes, et l’immortalité, pour des crimes commis sans besoin, tandis que les autres n’auront que le mépris, la honte et la roue, pour des crimes autorisés par la faim, la plus impérieuse des loix. Eh ! ne nous mêlons pas du mal qui se fait dans le monde ; tâchons de n’en pas être blessés ; mais n’entreprenons pas de le réprimer ; les famines, les guerres, les maladies dont nous accable la nature, ne nous servent-elles pas de preuves que la destruction est inhérente à ses principes ;… qu’elle lui est nécessaire, et que ce n’est enfin qu’à force de détruire qu’elle peut réussir à créer. Or si cette destruction lui est utile, si elle n’y parvient que par des crimes, si elle en commet